Comment occuper efficacement vos soirées entre amis ?
La réponse tient en 2 mots : Miss France.
Vous allez me demander (ou pas) quel intérêt il peut y avoir à regarder défiler une bande de potiches cognitivement peu privilégiées (non, j'exagère : Miss Mayotte, l'intello de la bande, fait Science Po, tout de même). Détrompez-vous, c'est tellement facile de s'en moquer qu'on rigole tout du long de l'émission.
On va régler la chose tout de suite : oui, je sais, si je me moque comme ça de ces jeunes filles, c'est probablement que je suis jaloux (j'ai toujours rêvé d'être Miss France !). Ceci mis à part, c'est quand même super poilant, même sans mauvaise foi.
Ça débute par une présentation de toute les miss. Dans des décors en images de synthèses tout ce qu'il y a de plus kitsch, elles nous présentent tour à tour leurs centres d'intérêts, alternant les "Ce qui compte le plus pour moi, c'est la famille" avec les "j'aime me tartiner de maquillage depuis que j'ai 5 ans".
De temps en temps, on a droit à un petit break de quelques secondes, consistant, en tout et pour tout, en :
- une vue contre-plongée sur le plateau, où se trouve le présentateur debout
- un travelling montrant le public/le jury
- un gros plan sur le présentateur, qui nous annonce : "Et maintenant, la suite."
Et nous voilà reparti pour une série de "J'adore coiffer des poneys" sur fond de champs de coquelicots.
Ou comment meubler un peu pasque bon, ça doit durer 2h quand même.
Ensuite, c'est la séance "danse". Entre guillemets, et des gros s'il vous plait madame.
Oui, pour eux, danser, ça veut dire : trois pas en avant, trois pas en arrière, trois pas sur l'coté, trois pas d'l'autre coté (agrémenté de petites poses à l'avant de la scène, clins d'oeil au jury, etc…). Rien n'est laissé au hasard : leurs innombrables tenues sont chaque fois choisies selon le thème d'une époque (ah c'est sûr que les maillots de bain décolletés, en 1775, ça faisait fureur !)
Ça nous permet de voir les miss en direct, et de constater que, non, il n'est pas forcément nécessaire d'être belle pour aller dans cette émission. La preuve avec Miss Normandie (qui, croyez-moi, est encore pire quand elle n'a pas été photoshopée).
Néanmoins, il y a une difficulté de taille : celle des talons aiguilles. On peut au moins leur reconnaître cette qualité, elles savent toutes descendre des marches avec les pieds à 30cm du sol. Ou presque : comme de bien nécessaire, il y a eut la traditionnelle chute, réalisée cette année par Miss Guadeloupe. Elle en a fait les frais aux qualifications suivantes; que voulez-vous, la sélection naturelle est cruelle chez les miss.
Mais tous ces talents ne s'acquièrent pas en un jour : il en faut huit, et en Thaïlande, de préférence. Ça c'est le côté relou du concours Miss France : faut passer une semaine à Phuket, au soleil, dans un hôtel de luxe, l'horreur quoi ! Nan mais déconnez pas, hein. C'est pas des vacances, dixit la présidente de la "société Miss France" : les pauvres doivent subir tout un tas d'épreuves. Promenade à dos d'éléphant, plongée sous-marine, massage, cours de danse (loooool), soirée traditionnelle, canoë, et des séances photos à n'en plus finir, en bikini sur le sable blanc des plages désertes d'une contrée exotique… ne sont qu'une petite partie du programme de nos suppliciées. Je les plaindrais presque, dis donc, heureusement qu'elles ne payent pas !
Mais tout ça est nécessaire, pour leur apprendre le métier de Miss France (ah, c'est un métier, ça ?) et renforcer les liens de l'équipe. Hum… de leur propre aveux : "on s'appelle par nos régions parce qu'on connaît pas nos prénoms".
Le suspens ne fait qu'augmenter au fur et à mesure que la soirée avance et que les miss sont sélectionnées pour les qualifications suivantes. Alors on pense à toutes celles qui se sont foirées. Elles sont en plein milieu de leurs études (pour faire esthéticienne/agent de commerce) : les mémés de l'équipe ont 21 ans; et elles viennent de perdre une année. C'est couillon, non ?
On va me dire qu'il y a pire que participer à cette émission : la regarder. À quoi je répondrais "certes" (bam ! Zone 2 clash), mais on peut toujours trouver pire (ouf) : il y a ceux qui appellent pour voter. Plus d'une centaine d'appels (avec surcoût éventuel de l'opérateur) rien que pour choisir une poufi… miss parmi 36. Franchement, qu'est-ce que ça peut leur faire que ce soit Miss Franche-Comté ou Miss Poitou-Charentes qui deviennent le "symbole du glamour français" ?
Dire qu'au même moment, sur la 2, le Téléthon luttait pour obtenir des dons… Heureusement, juste avant la fin, Jean-Pierre Foucault a eut le temps de murmurer "appeler le 36-37". Dommage, le résultat était connu depuis 10min, tout le monde avait déjà zappé.